jeudi 15 juin 2017

Et Wonder Woman alors, elle est féministe ?


Je ne pensais pas me déplacer au cinéma pour voir Wonder Woman et puis j'ai cédé à la curiosité. Avant ça, j'avais lu à gauche qu'il était hyper féministe oh là là, et à droite que non, pas du tout quelle horreur. Et moi, qu'est-ce que j'en pense ? C'est parti pour du gros spoil.

Si je n'ai pas tellement voulu le voir en premier lieu, c'est tout simplement parce que l'univers des super-héros m'est un peu inconnu. Je n'ai jamais lu de comics, je ne connais Marvel et DC que très vaguement et, pour ainsi dire, je ne suis pas plus curieuse que ça. J'ai cependant apprécié de voir la trilogie X-Men et chaque Iron Man, mais les comics sont un tel empire que je ne me sens pour le moment pas de taille à m'y plonger davantage. C'est pour cette raison que cet article ne sera centré qu'autour de mon avis sur Wonder Woman de Patty Jenkins, peut-être que certaines choses vous sembleront être des énormités à cause de ma méconnaissance du sujet, mais on fait ce qu'on peut avec ce qu'on a.

Wonder Woman, alias Diana Prince dans notre réalité ou Princesse Diana de Themyscira dans son monde, est une Amazone, fille de la reine Hippolyte et de Zeus, façonnée dans l'argile à qui on a donné vie (oui bon, l'histoire des choux et des cigognes, tout ça). Themyscira est l'île où sont réfugiées les Amazones, et elles s'y entraînent pour devenir des grosses badass. Je me suis renseignée vite fait pour écrire cet article, et le personnage a été créé au tout début des années 1940 par William Moulton Marston, psychologue et inventeur. Rappelons que parallèlement, en France, les femmes n'ont toujours pas le droit de vote. Apparemment, il en avait marre de ne voir que des hommes parmi les super-héros, il a donc inventé Wonder Woman pour assouvir son besoin de féminisme. Selon le communiqué de presse de l'époque :

"Wonder Woman a été conçue par le docteur Marston dans le but de promouvoir au sein de la jeunesse un modèle de féminité forte, libre et courageuse, pour lutter contre l'idée que les femmes sont inférieures aux hommes et pour inspirer aux jeunes filles la confiance en elles et la réussite dans les sports, les activités et les métiers monopolisés par les hommes.
Armée de ses bracelets à l'épreuve des balles, de son lasso magique, et forte de son entraînement d'amazone, Wonder Woman est l'archétype de la femme parfaite dans l'esprit de Marston. Elle est belle, intelligente, forte, mais a néanmoins un côté doux."

Et c'est peut-être ce que j'ai trouvé le plus désagréable dans ce film. Encore aujourd'hui, si une femme est forte, il faut absolument qu'elle soit belle et surtout qu'elle soit douce, parce que c'est tout de même ce qu'on attend d'une femme. Elle veut être une warrior OK très bien, mais elle doit aussi être super canon et ne jamais avoir un seul cheveu qui dépasse, sinon ça fait désordre. 


Et puis le parti pris de la fin m'a aussi pas mal dérangée. J'aurais vraiment préféré qu'Arès n'existe que dans les "rêves" de Diana et dans l'idée qu'elle se fait de l'humain, mais pas qu'il soit un personnage à part entière (et encore moins matérialisé avec une petite moustache, désolée si je reste basique mais un méchant doit avoir un minimum une tête de méchant, voilà). J'ai trouvé ça carrément gênant que la cruauté soit mise sur le compte de l'existence d'un dieu de la guerre, et pas sur l'être humain en lui-même. Se dire que "mais non c'est pas la faute des humains, c'est un dieu méchant vilain pas beau qui fait ça", eh bien c'est un peu trop bisounours à mon sens. Je suis persuadée que le Dr Poison prenait son pied en faisant ce qu'elle faisait, elle avait peut-être des circonstances atténuantes, mais dans ce cas on ne nous a pas montré pas les bonnes, parce que ça ne vient assurément pas d'une divinité. Son cas m'a rappelé un peu celui du Dr Mengele, "médecin" allemand à Auschwitz, qui menait des expériences inhumaines sur des juifs (y compris des enfants) en prenant plaisir à les torturer et à les voir mourir à petit feu. En fait, je pense que cautionner un tel discours de déculpabilisation de l'humain, même dans une fiction, c'est un peu malsain. Moi en tout cas, ça m'a toujours mise très mal à l'aise et un peu en colère. Comme si, pour faire rêver le grand public, il fallait faire croire à chaque fois que l'homme (au sens large) est un ange possédé par le mal, et tout ça bien malgré lui. Sauf que non, cette vision des choses n'est pas supportable, c'est carrément du mensonge. Et en dehors de ça, je trouve dommage que le personnage ait été si peu exploité.

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A ces mots, vous devez croire que j'ai détesté ce que j'ai vu, mais il n'en est rien car, en plus d'être esthétiquement d'une grande beauté, il a plein de bons côtés malgré tout. Premièrement, l'intro est magnifique, même si au départ je l'ai trouvée un peu longue (il faut dire que ne connaissant pas l'histoire originale, je ne m'y attendais pas). Voir ces Amazones s'entraîner et se battre m'a collé des frissons, Robin Wright dans le rôle de la générale Antiope est extraordinairement extraordinaire. 


J'ai aussi beaucoup aimé voir le courage que Diana parvient à insuffler aux hommes pendant la bataille, à la manière d'une Jeanne d'Arc (toutes proportions gardées). Elle réussit à motiver tout son monde au seul prétexte de ses convictions, et même si elles sont discutables je trouve ça beau. D'ailleurs, j'ai vraiment aimé le personnage de Steve Trevor, sa personnalité apporte un peu de nuances à l'ensemble et donne un contraste au côté "gentils contre méchants". Son duo avec Diana fonctionne à merveille et leur relation créé de belles séquences émotion inattendues, renforcées par le sacrifice final de Steve. Le tout sur une BO à tomber et des effets visuels vraiment sympa, ce qui ne gâche rien. J'aime la représentation globale de la femme forte qui mène, se bat, mais n'oublie pas non plus d'être réfléchie. Chez Wonder Woman, la force est l'alliée de l'intellect, et ça se ressent dans chacune de ses stratégies. Ne dit-on pas que le monde irait beaucoup mieux avec davantage de femmes au pouvoir ? Parce que j'en suis convaincue, et cet exemple est parlant. Le côté badass est très bien représenté et, soyons clair, ça envoie du pâté. Malheureusement, en ce qui concerne les questions un peu plus existentielles, ce film tombe dans l'écueil des autres Marvel/DC que j'ai pu voir et fait surtout la part belle au côté divertissant. Et comme à chaque fois, j'aurais aimé que l'histoire soit un peu plus que ça.